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Un exercice de dictée numérique en classe de CE1/CE2

Publication : (actualisé le ) par Sébastien Chéritat

Dans le cadre de l’expérimentation des tablettes iPads menée à l’école des Chartreux à Issy les Moulineaux, une activité de dictée a été organisée en classe de CE1/CE2 en 2 séances de 20 minutes faites à une semaine d’intervalle.

L’enseignant a enregistré à l’aide de l’application Quickvoice le texte de la dictée. 6 élèves se sont isolés les uns des autres dans 2 salles jouxtant la salle de classe. Ils ont ainsi écrit leur dictée en s’appuyant sur le document enregistré dans la tablette et ont ainsi travaillé à leur rythme en autonomie sur leur feuille. L’autre partie des élèves a travaillé de manière plus classique avec l’énonciation de la dictée faite par l’enseignant. La semaine suivante, les élèves ayant travaillés précédemment sur l’iPad réalisaient leur dictée de manière plus classique.
Ainsi chaque élève a expérimenté ce procédé pour écrire sa dictée sur sa feuille de classeur. Volontairement, le texte était identique. Il en fut de même pour le groupe d’élèves de CE2.

Les retours d’expérimentations furent riches et surprenants aussi.
D’une manière générale, les résultats furent meilleurs lors de la dictée faite avec l’enseignant, à l’inverse de l’avis de certains élèves. Pour une moitié d’entre eux, ceux-ci pensaient faire moins d’erreur avec l’iPad car ils travaillaient à leur rythme. A l’opposé, l’autre moitié pensait faire moins d’erreur avec l’enseignant car leur concentration était aussi fixée sur la manipulation de l’iPad et moins sur leur dictée.
Ces résultats, meilleurs avec l’énonciation par le professeur, sont expliqués par les élèves eux-mêmes :
" Avec le maître, on a plus d’indices, il nous rappelle de faire attention aux majuscules, aux accords du pluriel et de vérifier les terminaisons des verbes selon le sujet."
Les élèves performants font légèrement moins d’erreur avec le maître mais préfèrent nettement travailler seul avec l’iPad :
" C’est plus facile, on n’attend pas que tout le monde ait noté la phrase, ça va plus vite."
" C’est plus rapide pour la relecture et plus simple aussi. On peut appuyer sur pause, corriger son mot, et reprendre la relecture."
" On est moins perturbé par les autres qui n’en sont pas au même point que nous"

Parallèlement, ce sont aussi certains élèves performants qui mettent en avant l’aspect stressant de se retrouver seul face à l’iPad.
" C’est plus stressant car on est tout seul. Il n’y a plus d’indices, on a moins d’ aides aussi."

En revanche, pour les élèves moyens, les résultats sont plus mitigés, parfois meilleurs avec l’iPad, du fait d’une concentration plus accrue dans son travail. L’élève gère en effet son avancée par lui même, se retirant une pression de ne pas suivre au même rythme que ses camarades. Cela étant la remarque de manque d’indices énoncés par l’enseignant a été aussi mis en avant.

Pour les élèves en plus grande difficulté, il est manifeste qu’une fois passé le plaisir d’utiliser la tablette pour travailler, les premiers inconvénients sont apparus.
" C’est plus difficile de faire pause tout le temps pour noter le mot" rappelle un élève. Il est vrai qu’un élève en difficulté ne va pas mémoriser le groupe de mot mais dans un premier temps le mot seul , voir le réécouter pour se concentrer sur la syllabe.
Dès lors, une manipulation technique entraîne une concentration moindre sur le travail cognitif d’orthographier le mot correctement. Ce qui complique d’ autant plus l’écriture de la dictée. Ce point peut être remédié avec un texte plus adapté aux capacités de l’élève. C’est là aussi un avantage de la tablette, pouvoir personnaliser et adapter le travail aux élèves , et ce sans une contrainte matérielle ou temporelle conséquente pour l’enseignant.
Cela étant, la possibilité de réécouter quand on veut la dictée fut considéré comme une véritable aide pour ces élèves.

Pour l’enseignant , ce type d’approche pédagogique de la dictée est assez intéressant. Outre le fait de différencier le support de travail avec grande facilité, proposant ainsi un support et un outil de travail adaptés , les élèves ont paru davantage motivés pour cet exercice de dictée. Le lendemain, ils voulaient déjà en refaire une. En terme de stratégie utilisée par l’élève, il est nécessaire de voir l’élève en difficulté dans le cadre d’une dictée énoncée par le maître, c’est aussi plus rassurant pour l’apprenant. En revanche, en enregistrant la dictée accompagnée des indices traditionnellement disséminés lors de l’énonciation en classe, un grand nombre d’élèves pourront travailler ainsi en autonomie. De plus, deux élèves ont tout de même mentionné que le travail sur tablette pouvait entrainer une certaine fatigue des yeux.

En conclusion, il apparaît alors que ce type d activité est assez prometteuse sans pour autant rejeter l’approche classique de la dictée en grand groupe.
Cette association raisonnée des deux pratiques est un élément intéressant tant pour favoriser le travail en autonomie de chaque élève, avec un niveau de difficulté adapté, mais aussi pour permettre à l’enseignant d’avoir plus de temps pour aider les élèves en difficultés et résoudre ces dernières au plus près d’eux.
Au vue de la grande motivation exprimée par les élèves, plus des trois quarts ont préféré travailler sur tablette, on peut observer que pour des élèves en difficulté avec l’orthographe, le choix d un support pertinent et d’un outil motivant est déjà un pas supplémentaire pour faciliter l’acquisition de compétences sous l’œil avisé et le regard didactique bienveillant de l’enseignant.

Sébastien CHERITAT
Enseignant à l’école des Chartreux en classe de CE1/CE2

ATICE départemental - DSDEN 92
Réfèrent ENT et classe mobile (Tablette - Ordinateur portable)

Mai 2012